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DE PHYSIQUE.

démie de Pétersbourg, ayant profité d’un froid très rigoureux qui régnoit alors dans ce pays, et qui étoit de −34d de Farenheit (ce qui répond à 29 ⅓ au-dessous du zéro du thermomètre en 80 parties), parvint, à l’aide d’un mélange de glace pilée et d’acide nitrique, à faire descendre le mercure dans le tube de son thermomètre, jusqu’à −69d de Farenheit (−44d 8/9 du thermomètre en 80 parties). Il vit alors qu’une partie du mercure s’étoit congelée, et encouragé par ce premier succès, il poursuivit ses expériences, en substituant de la neige à la glace ; le mercure continua de descendre, et parvint, dans une dernière expérience, jusqu’à −352d (−170d ⅔ du thermomètre en 80 parties). M. Braun ayant retiré du mélange son thermomètre, et en ayant soigneusement examiné la boule, n’y aperçut aucune fissure ; en même temps il vit que le mercure étoit immobile, ce qui dura pendant environ douze minutes. Quelques jours après, il répéta l’expérience avec Æpinus, et étant encore parvenu à fixer le mercure, il brisa la boule de son thermomètre, et en retira le métal sous la forme d’une masse solide brillante, qui s’étendit par la percussion, en rendant un son sourd semblable à celui du plomb, dont elle se rapprochoit aussi beaucoup par sa dureté[1].

On ne pouvoit plus douter alors que le mercure ne fut susceptible d’une congélation proprement dite, mais on étoit loin de connoître le véritable degré de froid qui suffisoit pour la produire. M. Braun et plusieurs

  1. Nov. Commenta. Acad. Scient., imper. Petropol, t. XI.