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TRAITÉ ÉLÉMENTAIRE

21d de Farenheit, près de 5d de l’autre thermomètre, avant de se congeler. M. Blagden attribue cette différence à l’air que l’eau renferme naturellement, et qui se dégage pendant l’ébullition. L’eau qui n’avoit point été distillée se congeloit, après être parvenue à une température toujours moins basse, à proportion que cette eau étoit moins pure ; et M. Blagden ayant soumis à l’expérience de l’eau de rivière très-chargée de particules limoneuses, ne put jamais l’amener à descendre au-dessous de 32d de Farenheit, ou du zéro du thermomètre en 80 parties, avant de se congeler.

On entend dire assez communément que l’eau qui a bouilli se gèle plus facilement que celle qui n’a point été exposée au feu. M. Blagden aperçoit, dans les résultats de ses observations, ce qui a pu donner naissance à cette opinion : car si l’eau contient de la terre calcaire qui y soit tenue en dissolution par l’acide carbonique, ce qui a lieu très-fréquemment par rapport aux eaux de source, la terre calcaire, en se précipitant, par l’effet de l’ébullition, troublera la transparence de l’eau, qui acquerra ainsi une disposition plus prochaine à entrer en congélation.

Ces expériences faites sur l’eau commune ont été suivies de beaucoup d’autres où l’eau étoit modifiée par différentes substances salines, acides ou alkalines, susceptibles d’être dissoutes par ce liquide, ou combinées chimiquement avec lui. On savoit déjà que l’union de ces substances avec l’eau avoit la propriété de faire baisser plus ou moins son point de congélation. M. Blagden a observé de plus qu’en vertu de cette même union, l’eau pouvoit aussi être refroidie au-dessous de

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