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DE PHYSIQUE.

déliées que l’on posera doucement sur l’eau, où elles flotteront, par l’effet de la petite couche d’air qui est adhérente à leur surface, comme cela a lieu en général pour tous les corps. Le volume de cet air étant comparable au volume de l’aiguille, fait croître ce dernier dans un rapport plus grand que celui de l’augmentation de poids ; en sorte que le tout est spécifiquement plus léger qu’un pareil volume d’eau. Si l’on fait avancer une des aiguilles vers l’autre, dans une direction oblique, jusqu’à ce que les deux extrémités se touchent, elles s’inclineront l’une vers l’autre, de manière que l’angle qu’elles formoient, au moment du contact, diminuera peu à peu, et elles finiront par adhérer entre elles dans toute leur longueur. Si lorsqu’elles se sont rencontrées, l’extrémité de l’une a touché un point situé, par exemple, au milieu de la longueur de l’autre, le point de contact restera fixe jusqu’à ce que les deux aiguilles adhèrent ensemble, en se dépassant mutuellement de la moitié de leur longueur, et à l’instant elles glisseront l’une sur l’autre pour se mettre de niveau par leurs extrémités,

Tous ces divers phénomènes, que plusieurs physiciens ont attribués aux actions réciproques des corps qui les présentent, dépendent donc uniquement de l’attraction qu’exercent les molécules de l’eau, soit entre elles, soit par rapport aux corps eux-mêmes ; et ce liquide est ici le véritable moteur déguisé sous l’apparence d’un simple véhicule[1].

  1. Voyez le Traité du Mouvement des eaux, par Mariotte, Paris, 1700, p. 118 et suiv. ; et un Mémoire du célèbre Monge, inséré parmi ceux de l’Acad. des Sc., an. 1787, p. 506 et suiv.