Page:R.-J. Haüy - Traité élémentaire de physique - 1803 - Vol 1.djvu/22

Cette page a été validée par deux contributeurs.
v
INTRODUCTION.

Tous ces instrumens si diversifiés sont autant d’interprètes du langage visible que nous parle sans cesse la nature.

Ce mot de Nature, que nous employons si souvent, ne peut être regardé que comme une manière abrégée d’exprimer, tantôt les résultats des lois auxquelles l’Être suprême a soumis le mécanisme de l’univers, tantôt la collection des êtres qui sont sortis de ses mains. La nature, envisagée ainsi sous son véritable aspect, n’est plus un sujet de spéculations froides et stériles pour la morale. L’étude de ses productions ou de ses phénomènes ne se borne plus à éclairer l’esprit ; elle remue le cœur, en y faisant naître des sentimens de respect et d’admiration à la vue de tant de merveilles qui portent des caractères si visibles d’une puissance et d’une sagesse infinies. Telle étoit la disposition où se trouvoit le grand Newton, lorsqu’après avoir considéré les rapports qui lient partout les effets à leurs causes, et font concourir tous les détails à l’harmonie de l’ensemble, il s’élevoit jusqu’à l’idée d’un Créateur et d’un premier moteur de la matière, en se demandant à lui-même, pourquoi la nature ne fait rien en vain ; d’où vient que le