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DE PHYSIQUE.

parmi tous les liquides connus, celui qui approche le plus de subir des dilatations exactement proportionnelles aux accroissemens de chaleur, du moins entre le zéro et le degré de l’eau bouillante. Un exemple suffira pour donner une idée de la manière dont le célèbre physicien de Genève a été conduit à ce résultat.

Supposons que dans un appartement dont la température est de 6d au-dessus de zéro du thermomètre divisé en 80 parties, on mêle avec une certaine masse d’eau qui ait cette même température une nouvelle masse égale d’eau échauffée à 75d, et qu’on agite fortement le mélange ; l’excès de la chaleur de l’eau la plus chaude sur celle qui l’étoit moins se partagera également entre les deux masses d’eau ; en sorte que la température du mélange, parvenue à l’uniformité, sera égale aux 6d qui étoient communs aux deux masses, plus à la moitié de la différence 69 entre les deux températures, c’est-à-dire, qu’elle sera de 40d½. Donc, si l’on plonge alors dans le mélange le thermomètre qui a servi à déterminer les températures particulières des deux masses d’eau, et si la liqueur de ce thermomètre s’arrête à 40d½, on en conclura que sa dilatation est proportionnelle à l’accroissement de chaleur. C’est à des épreuves de ce genre que Deluc a soumis le mercure, et il a trouvé qu’il les soutenoit d’une manière satisfaisante ; seulement il se tenoit un peu au-dessous du point où il auroit dû être pour indiquer la véritable température du mélange. Or, en comparant la marche de l’alkohol avec celle du mercure, entre les mêmes points fixes, on observe qu’en général le premier de ces liquides s’élève toujours à une moindre hauteur que l’autre ; et cette

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