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DE PHYSIQUE.

chaque thermomètre ne pouvoit être comparé qu’à lui même, et deux instrumens ainsi construits ne s’accordoient point entre eux, et parloient différens langages.

162. On fit dans la suite diverses tentatives pour rendre les thermomètres comparables ; et enfin Réaumur parvint à ce but, d’une manière plus avantageuse qu’on ne l’avoit fait jusqu’alors[1], au moyen d’une construction dans laquelle on retrouve la sagacité ordinaire de ce célèbre physicien, et qui mérite d’être exposée, même après qu’on a trouvé encore mieux. Réaumur, en imaginant son thermomètre, s’étoit proposé de remplir trois conditions : l’une, que la graduation partît d’un terme constant où il plaçoit le zéro du thermomètre ; la seconde, que les degrés eussent un rapport déterminé avec la capacité, tant de la boule, que de la partie du tube située entre cette boule et le point de zéro ; la troisième, que l’alkohol qu’il employoit eût un degré connu de dilatabilité auquel on pût toujours l’amener. Il avoit à choisir entre deux termes constans, qui dès lors avoient eté remarqués, savoir, la chaleur de l’eau bouillante, et le froid produit par la congélation de l’eau. Il se décida en faveur du dernier, comme étant celui qui sembloit donner la limite naturelle entre le chaud et le froid, et il choisit, pour le déterminer, l’instant de la congélation artificielle de l’eau, à l’aide d’un mélange de glace et de sel marin. On a substitué depuis

  1. Mém. de l’Acad. des Sc., 1730, p. 452 et suiv.