généralité à laquelle on ne pouvoit se refuser, et on en a tiré la conséquence, que tous les corps de la nature sont susceptibles par eux-mêmes des trois états dont nous venons de parler, et qu’une grande partie de ces corps ne paroissent fixes, que faute de pouvoir acquérir ou perdre la quantité de calorique suffisante pour déterminer leur passage d’un état à l’autre. La plus grande différence qui puisse exister entre la température des climats où l’on ressent les plus vives ardeurs du soleil, et de ceux que la grande obliquité de ses rayons laisse exposés au froid le plus rigoureux, ne produit guères d’effets sensibles, que par rapport à l’eau, qui conserve constamment sa liquidité dans les régions voisines de l’équateur, et ne la perd que par intervalles dans nos climats, tandis que vers le pôle, d’énormes glaçons ne peuvent échapper à l’action constante de la cause qui les a durcis, qu’en venant, comme des montagnes flottantes, se fondre dans les mers des régions tempérées.
145. La puissance de l’art a surpassé de beaucoup celle de la nature. Nous verrons, en parlant de l’eau, jusqu’à quel point on a poussé l’action d’un froid artificiel, au delà de celui qui répond à la congélation de ce liquide. Mais c’est par les effets de la chaleur, pour reculer la limite opposée, que la plupart des passages à un nouvel état ont été déterminés. En concentrant l’action des rayons solaires dans le foyer d’un verre ardent, on a réussi à fondre des corps qui avoient résisté jusqu’alors à toute l’activité du feu de nos fourneaux, et à volatiliser l’or et différentes substances métalliques.