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DE PHYSIQUE.

du calorique, qui tend à écarter les molécules des corps, mais que l’effet de cette pression n’est sensible que dans le passage d’un corps à l’état élastique. Si après avoir placé sous le récipient un vase qui renferme un liquide, on supprime la pression de l’air au moyen de la machine pneumatique, le liquide se convertira en vapeurs, par une température beaucoup plus basse que dans le cas où il se trouveroit exposé à l’air libre. Il résulte même des expériences de Prony, que l’on peut pousser le vide assez loin pour déterminer le passage de l’eau à l’état élastique, par une température qui s’élève à peine au-dessus de zéro, tandis que ce liquide a besoin d’une chaleur mesurée par 80d, pour arriver à l’état élastique, sous la pression de l’atmosphère. Par une suite des mêmes principes, si on s’élève sur une montagne, avec un vase rempli d’eau, la colonne d’air devenant plus courte à mesure que l’on monte, la diminution de pression qui en résulte, peut être assez sensible pour donner lieu à la conversion du liquide en fluide élastique.

142. Cette gradation de passages d’un corps solide, d’abord à l’état de liquidité, et ensuite à l’état de fluidité élastique, n’a été vue et présentée, pendant long-temps, par les physiciens, que d’une manière imparfaite. On ne considéroit, dans ces passages, que l’action du feu qui commençoit par dilater un corps, puis le mettoit en fusion, ou le convertissoit en liquide, et enfin le réduisoit en vapeurs. La chimie moderne à complété le tableau du phénomène, en réunissant, sous un même point de vue, les actions de ces différentes forces, qui luttent sans cesse entre

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Tome i.