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TRAITÉ ÉLÉMENTAIRE

Ici, le phénomène qui avoit déjà eu lieu pendant la conversion du solide en liquide, se reproduit avec les mêmes circonstances, c’est-à-dire, que, pendant tout le temps du passage à l’état élastique, les nouvelles quantités de calorique qui arrivent au corps sont uniquement employées à convertir de nouvelles couches en fluide élastique ; en sorte, par exemple, que la température de l’eau, dans le cas dont il s’agit ici, se maintient constamment à quatre-vingts degrés du thermomètre dit de Réaumur.

136. Dans le retour des mêmes corps à leur état précédent, la chaleur absorbée reparoît toute entière avec ses caractères. Ainsi l’on sait, par expérience, que quand on a mêlé un kilogramme ou deux livres de glace avec un kilogramme d’eau à 60d, on a deux kilogrammes d’eau à zéro, pour résultat du mélange ; d’où il suit que la glace, en passant à l’état de liquide absorbe 60d de chaleur qu’elle enlève à l’eau chaude en contact avec elle. Maintenant si l’on suppose que l’eau retourne à l’état de glace, elle développera, pendant sa congélation, une égale quantité de chaleur mesurée par 60d, et qui se communiquera aux corps environnans ; de même lorsque l’eau réduite en vapeurs redevient liquide, elle remet en activité toute la quantité de chaleur qu’elle avoit absorbée et qu’elle tenoit déguisée.

137. On a donné le nom de chaleur latente à celle qui est uniquement employée à faire passer un corps d’un état à un autre, et dont l’effet devient nul par rapport au thermomètre ; et l’on a appelé chaleur sensible, celle qui est susceptible d’agir sur cet instrument.