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TRAITÉ ÉLÉMENTAIRE

Des effets du Calorique, pour produire dans les Corps un changement d’état.

132. Les molécules d’un corps que nous supposons à l’état de solidité, sont réunies par la force d’affinité, qui produit leur adhérence mutuelle ; mais cette adhérence est plus ou moins affoiblie par la force élastique du calorique interposé entre les molécules, et qui tend à les écarter les unes des autres. Ainsi ces molécules sont continuellement sollicitées par deux forces contraires, dont les actions se balancent : à ces deux forces il s’en joint une troisième ; savoir, la pression des fluides environnans qui s’oppose à l’effet du calorique pour écarter les molécules ; mais l’action de cette dernière force n’est sensible que dans le passage d’un corps de l’état de liquide à celui de fluide élastique.

133. Tant que la force élastique du calorique augmente assez peu la distance entre les molécules du corps, pour que l’affinité conserve une grande partie de son énergie[1], en sorte qu’on ne puisse vaincre l’adhérence qui en résulte, sans employer un effort plus ou moins considérable, le corps reste à l’état de

  1. On peut supposer que la force élastique du calorique décroisse dans un plus grand rapport que l’affinité, à mesure que les molécules du corps s’écartent les unes des autres. Lorsque la première de ces forces, qui d’abord étoit prépondérante, sera parvenue à l’équilibre avec la seconde, le corps cessera de se dilater s’il ne reçoit plus de calorique. Or, il est évident que si, à ce terme, une force quelconque