Page:R.-J. Haüy - Traité élémentaire de physique - 1803 - Vol 1.djvu/151

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
100
TRAITÉ ÉLÉMENTAIRE

123. Ces expériences ont été suivies d’une autre très curieuse, capable d’en imposer à un observateur moins éclairé, qui n’eût pas été persuadé d’avance que le froid ne peut être réfléchi[1]. L’appareil ayant été disposé comme dans les expériences précédentes, on plaça un thermomètre d’air au foyer d’un des miroirs, et un matras plein de neige au foyer de l’autre ; à l’instant le thermomètre descendit de plusieurs degrés, et remonta ensuite, aussitôt qu’on eût enlevé le matras : celui-ci ayant été remis au foyer du même miroir, on versa de l’acide nitrique sur la neige, et l’augmentation de froid qui en résulta fit descendre le thermomètre de cinq ou six degrés.

Le premier moment fut celui de la surprise ; et l’explication du phénomène suivit de près. Pour la concevoir, supprimons par la pensée les deux miroirs ; il arrivera au thermomètre la même chose qu’aux corps environnans, c’est-à-dire, qu’il cédera une partie de son calorique, qui, de proche en proche, ira se communiquer à la neige, en vertu de l’affinité qu’elle exerce pour attirer à elle ce fluide : une autre quantité de calorique s’échappera du thermomètre sous forme rayonnante, et se distribuera entre le matras et les corps environnans. Replaçons maintenant les deux miroirs : alors la portion de calorique rayonnant qui eût été perdue pour la neige, tombant sur le miroir, au foyer du quel se trouve le thermomètre, sera réfléchie vers l’autre

  1. Essais de physique, par Pictet ; Genève, 1790, p. 81 et suiv. On trouve aussi dans cet ouvrage les détails relatifs aux expériences précédentes.