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DE PHYSIQUE.

expériences, la propriété qu’ont les miroirs métalliques de réfléchir le calorique rayonnant. Ces deux savans ayant fait rougir fortement un boulet de fer de 54 millimètres, ou deux pouces, de diamètre, le laissèrent refroidir au point qu’il n’étoit plus lumineux, même dans l’obscurité. Ils avoient préalablement disposé deux miroirs concaves l’un vis-à-vis de l’autre, à environ quatre mètres ou douze pieds de distance ; ils fixèrent le boulet au foyer de l’un, tandis qu’ils tenoient un thermomètre d’air au foyer de l’autre. La chambre où se faisoit l’expérience étoit exactement fermée, et toutes les précautions avoient été prises pour écarter tout ce qui auroit pu occasionner des variations accidentelles dans la température de l’air. À peine le boulet eût-il été placé à l’un des foyers, que le thermomètre qui occupoit l’autre, et qui auparavant marquoit quatre degrés au-dessus de zéro, commença à monter, et parvint en 6 minutes à 14 degrés ½, tandis qu’un second thermomètre suspendu hors du foyer, à la même distance et du boulet et de l’observateur, ne monta qu’à 6d ; d’où il résulte que, dans cette expérience, la réflexion de la chaleur rayonnante a élevé la température de huit degrés et demi. Pour écarter encore mieux le soupçon que ce phénomène fut l’effet d’une lumière imperceptible pour l’œil, Pictet a répété l’expérience, en substituant au boulet de fer un matras rempli d’eau bouillante, et le thermomètre situé à l’autre foyer a indiqué une élévation de température de plus d’un degré[1].

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  1. Saussure, Voyage dans les Alpes, N°. 926.