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TRAITÉ ÉLÉMENTAIRE

il lui enlève une partie de sa chaleur ; de plus, si on enduit la surface du miroir d’un peu de suie, en le passant au-dessus d’une chandelle allumée, le calorique qui tombe sur ce miroir, perd sa forme rayonnante, et s’unit au métal, qui s’échauffe bientôt jusqu’au point de ne pouvoir plus être manié impunément. Les phénomènes ne sont plus les mêmes, lorsqu’on se sert d’une lame de verre ; le calorique, au lieu d’être réfléchi, pénètre le verre qui le retient engagé dans son intérieur, et dont il élève la température, en quoi il diffère de la lumière qui, dans le même cas, est en partie réfléchie, et en partie transmise.

121. D’autres expériences servent à rendre plus évidente la différence qui existe, à plusieurs égards, entre le calorique rayonnant et la lumière. Que l’on interpose un carreau de verre entre le poêle et le foyer d’un miroir concave de métal ; il se formera à ce foyer un point lumineux, mais qui sera dépourvu de chaleur. Le même effet aura lieu, si l’on reçoit immédiatement les émanations du poêle sur une des faces d’une lentille ; ce corps analysera, pour ainsi dire, les émanations, dont la partie formée de calorique rayonnant restera engagée dans la lentille, tandis que la partie formée de lumière ira produire derrière la lentille un foyer qui sera simplement lumineux sans être chaud. Tel est le précis des observations de Schéele : elles se mêloient dans son esprit à des idées sur la nature du feu, qui n’avoient pas la même justesse. Mais c’étoient des matériaux précieux qui devoient un jour se placer comme d’eux-mêmes dans l’édifice de la véritable théorie du calorique.

122. Saussure et Pictet ont confirmé, par de nouvelles