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TRAITÉ ÉLÉMENTAIRE

118. Nous n’avons pas fait connoître tout ce qui se passe dans le phénomène que nous considérons ici. Indépendamment de la portion de calorique, dont la communication entre différens corps dépend de leur affinité pour ce fluide, il en existe une autre qui n’est point soumise à cette affinité, et que nous nommons calorique rayonnant, parce qu’elle s’échappe en vertu de sa seule force expansive, sous la forme de rayons susceptibles d’être réfléchis par la surface des corps, et surtout par celle des métaux polis. Le calorique rayonnant a encore cela de commun avec la lumière, qu’il traverse librement l’air, en sorte que ce fluide le transmet en ligne droite d’un corps à l’autre ; et alors, suivant les circonstances, il conserve sa propriété rayonnante, ou redevient susceptible de s’unir, par affinité, aux corps qui se présentent sur son passage. Dans le changement de température que subissent différens corps qui tendent vers l’équilibre, la quantité de calorique rayonnant enlevée par chaque corps est plus grande ou plus petite que celle qu’il cède aux autres. Or, l’équilibre a lieu, lorsque toutes les affinités des corps pour le calorique sont satisfaites, comme nous l’avons dit, et lorsque, en même temps, chaque corps renvoie aux autres autant de calorique rayonnant qu’il en reçoit ; et cette répartition égale persévère tant que le système reste à la même température.

119. Schéele est le premier qui ait considéré en physicien le calorique rayonnant[1] ; et l’on est étonné de

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  1. Traité chimique de l’air et du feu, traduit par Dietrich, 1781, p. 118 et suiv.