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TRAITÉ ÉLÉMENTAIRE

tives, en sorte qu’on peut dire que qui a vu un individu, a vu l’espèce entière.

Mais le minéral n’est qu’un assemblage de molécules similaires, réunies par l’affinité ; son accroissement se fait par la juxta-position de nouvelles molécules qui s’appliquent à sa surface, et sa configuration, qui dépend uniquement de l’arrangement des molécules, peut varier par l’effet de diverses circonstances. De là cette multitude de formes différentes, et en même temps régulières et bien prononcées, qu’affectent souvent les cristaux d’une même substance. Ainsi la combinaison de la chaux avec l’acide carbonique, ou la chaux carbonatée, présente tantôt la forme d’un rhomboïde, c’est-à-dire, d’un parallélipipède terminé par six rhombes égaux et semblables, tantôt celle d’un prisme hexaèdre régulier ; ici c’est un dodécaèdre terminé par douze triangles scalènes ; ailleurs c’est encore un dodécaèdre, mais dont les faces sont des pentagones, etc.

82. Toutes ces différentes formes, qu’un même minéral est susceptible de prendre, et qui s’éloignent quelquefois totalement les unes des autres par leur aspect, se tiennent cependant par un lien commun ; et quoiqu’il ne nous ait pas encore été donné jusqu’ici de dévoiler les lois auxquelles l’Être suprême a soumis les forces qui les produisent, nous connoissons du moins celles que suivent, dans leur arrangement, les molécules qui concourent à les déterminer. Nous allons exposer succinctement la théorie de ces lois, dont la considération est du ressort de la physique.