LE CHIEN DE MONTARGIS
I
« Et moi je vous dis que cette nouvelle faveur, dont vient encore d’être l’objet ce damné Aubry de Montdidier, m’était due ! Jusques à quand rencontrerai-je cet homme sur mon chemin ?
— Aubry de Montdidier est un brave et loyal gentilhomme, chevalier, et notre gracieux sire, le roi Charles V, en récompensant ses services, n’a fait qu’un acte de bonne justice.
— Hé ! quoi donc ! ne suis-je pas brave et loyal aussi ? M’a-t-on vu moins ferme que lui sur le champ de bataille, quand il s’agissait d’expulser les Anglais du territoire de France ? Suis-je un lâche ? Non ! Pourquoi lui accorder ce qu’on me refuse ?
— Vous êtes sans doute un vaillant homme, chevalier ; mais il me semble que vos services, à vous non plus, ne sont pas restés sans récompense. Archer des gardes du roi, de quoi vous plaignez-vous ?… Ah ! la passion vous égare…