Page:Révoil - Les animaux historiques.djvu/76

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
64
ANIMAUX HISTORIQUES

à travers, dans nos rangs, au risque de nous faire massacrer.

» Heureusement le général Friant ne perdit pas la tête. Sans hésiter, avant que les mameluks fussent encore arrivés jusqu’à nous, il se dressa sur ses étriers, et du plus fort qu’il put, il cria :

« La division se formera en carré, les ânes et les savants au milieu. »

» Nous étions là quelques milliers de gaillards, tous volontiers rieurs et goguenards. Bien que la position fût critique, pas un seul ne put y tenir ; ce fut un éclat de rire général, homérique. Mais le commandement n’en fut pas pour cela moins rigoureusement exécuté. Trois fois les mameluks revinrent à la charge, et trois fois leur impétuosité vint se briser sur nos baïonnettes. À la fin, voyant qu’ils ne pouvaient, malgré des efforts surhumains, réussir à nous entamer, leur intrépidité se tourna en rage. Ils ne reculaient plus, ils mouraient à la place où ils avaient donné ; il y en eut qui, devenus frénétiques, retournaient contre nous leurs chevaux, et, les faisant cabrer de toute leur hauteur, se renversaient avec eux sur nos rangs. Il ne se trouvait pas un de ces gens-là qui ne donnât de bon cœur sa vie pour se donner, à lui, le