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LES ÂNES DE L’EXPÉDITION D’ÉGYPTE

» Nous venions, par une belle matinée. d’Égypte, c’est-à-dire par un soleil à cuire un bœuf, de quitter le bivouac de la veille. Le général Friant chevauchait côte à côte avec notre demi-brigade, qui formait la tête de la colonne. Il fredonnait, selon l’habitude qu’il avait prise, lorsqu’il était content, cette vieille chanson militaire :

Les hussards
Sont des pillards ;
Les voltigeurs
Sont des voleurs.
Ils connaiss’ la pratique, etc.

» Il en était au quatrième couplet, quand tout à coup, pif, paf, pan, pan, allah ! allah ! voilà que huit à dix mille mameluks débouchent d’un défilé tout exprès pour nous tomber sur le corps. À vrai dire, l’alerte était chaude, personne ne s’y attendait ; mais ce qui surtout nous mettait dans un drôle d’embarras, c’étaient nos femmes, nos ânes, nos savants, qui criaient, couraient, gesticulaient chacun à leur façon, si bien qu’on ne savait auquel entendre.

» Pourtant je dois, à la honte des savants et des femmes, avouer que ce furent encore les autres qui gardèrent le mieux leur sang-froid ; eux, du moins, ne se jetaient pas, à tort et