MOUSTACHE
Tandis que la Louisiane faisait encore partie de nos colonies, plusieurs familles françaises fondèrent des établissements dans ce beau pays. Sur la lisière d’une vaste forêt traversée par un des fleuves nombreux qui arrosent cette contrée, était allé s’établir, avec sa femme et ses enfants, un ancien négociant à qui on avait concédé un vaste territoire à défricher. Possesseur d’un nombre considérable d’esclaves, actif, laborieux, M. Dérambert s’était bientôt vu à la tête d’un domaine fort étendu. Ces terrains, naguère encore incultes et sauvages, se couvraient maintenant de riches moissons de riz, de maïs et de froment ; chaque année ajoutait à la prospérité du colon. Bâtie à quelque distance de la forêt, sur le bord d’un frais et clair ruisseau, son élégante et commode habitation jouissait d’un coup d’œil et d’un aspect enchanteurs.
M. Dérambert avait épousé une femme jeune encore qui lui avait donné trois jolis enfants ; deux garçons et une fille ; ces enfants faisaient