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« nations » sauvages, amenèrent bientôt une reprise des hostilités. Elles recommencèrent du fait des Iroquois par le massacre d’une troupe de Hurons établis dans l’île d’Orléans, près de Québec, où ils étaient tranquillement occupés à cultiver des terres (1656). Bientôt après, le gouverneur, qui était alors M. de Lauzon, n’ayant pas montré assez d’énergie dans la répression de cet attentat, les Iroquois enhardis s’attaquèrent aux Français eux-mêmes.

Un capitaine français, nommé Dupuy, était allé, sur la foi des traités, s’installer avec une cinquantaine de colons sur les bords du lac Gannentaha (aujourd’hui Salt-Lake, dans l’État de New-York). Les Iroquois complotèrent de les massacrer. Avertis du complot par un Indien, les Français purent heureusement le déjouer. Pour tromper les Iroquois, ils leur donnèrent un grand festin et, pendant que leurs convives étaient plongés dans le sommeil brutal de l’ivresse, ils se dérobèrent, atteignirent des canots qu’ils avaient préparés secrètement sur la rivière Oswégo et parvinrent à gagner de vitesse leurs ennemis lancés à leur poursuite (1658).

D’autres outrages suivirent ce guet-apens. L’audace des Iroquois était devenue si grande qu’en 1658, — sous le gouvernement du trop faible M. de Lauzon, ils osèrent envoyer jusqu’à Québec réclamer des Hurons qui, après s’être soumis à leur nation, étaient venus se mettre sous la protection de nos canons : « Lève tes bras, dit insolemment leur orateur dans son style imagé, et laisse aller tes enfants (les Hurons) que tu tiens pressés sur ton sein ; car s’ils venaient à faire quelques sottises, il serait à craindre qu’en voulant les châtier, nos coups ne portassent sur toi. »