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Canada et elle avait abandonné aux habitants son privilège pour la traite des pelleteries, ne se réservant pour son droit de seigneurie qu’une redevance annuelle d’un millier de castors. Dans ces conditions de délaissement, le Canada ne voyait plus guère arriver de la mère-patrie que quelques aventuriers qui, s’enfonçant dans les territoires indiens pour les facilités de la chasse ou de la traite, y donnaient naissance à la race à demi-sauvage à demi-héroïque des « coureurs des bois ».

Mais ce n’était pas là un élément dont on pût tirer grand profit pour la prospérité d’une colonie. Ce dont le Canada avait surtout besoin, c’était d’artisans et de laboureurs, d’hommes attachés au sol ou à l’atelier, mais prêts, à l’occasion, à se transformer en soldats. Fatigué de demander vainement de tels colons pour la ville naissante de Montréal, M. de Maisonneuve prit le parti d’aller lui-même en chercher en France (1653). Il réussit à ramener avec lui une centaine d’hommes, tirés de nos provinces de l’Ouest (Anjou, Maine, Poitou, Bretagne). Ce renfort vint à point pour imposer respect aux Iroquois, qui s’enhardissaient jusqu’à venir parfois pousser leurs cris de guerre sous les remparts de nos forts. M. de Lauzon, qui était alors gouverneur du Canada, reçut d’eux des propositions de paix qui furent agréées, et leurs cinq nations, représentées par des délégués, vinrent solennellement « enterrer la hache des combats et promettre de laisser pousser l’herbe dans les sentiers de la guerre. »

Cette paix, qui eût permis à la colonie de s’étendre et de développer ses ressources, ne fut malheureusement qu’une courte trêve. Les jalousies et les rivalités des