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Montmagny, chevalier de Malte, fut nommé au gouvernement de la Nouvelle-France, avec le titre de lieutenant-général du roi[1]. Il prit possession de ses fonctions le 11 juin 1636. Quelques familles nobles, venues de Normandie, le suivirent de près, entre autres les familles Legardeur de Repentigny et Leneuf de la Poterie, qui ne comptaient pas moins, entre elles deux, de quarante-cinq personnes. Un sieur Juchereau, de la Ferté, amena aussi avec lui nombre d’émigrants du Perche et de l’Île-de-France.

L’arrivée de ces nouveaux colons donnait un peu d’animation à Québec. M. de Montmagny dressait lui-même les plans de la ville et fixait les nouveaux alignements. Un fort de pierre, le château Saint-Louis, allait remplacer les ouvrages de terre ou de maçonnerie grossière de Champlain. Un jésuite, le P. Lejeune, écrivait dans sa Relation : « Nous commençons à voir l’ouverture de quelques campagnes, par les défrichements qu’on fait en divers endroits. Les familles qui passent chaque année changent la barbarie des Sauvages en la courtoisie naturelle aux François[2]… Nous avons de très honnêtes gentilshommes, nombre de soldats de façon et de résolution… La diane nous réveille tous les matins ; nous voyons poser les sentinelles. Le corps de garde est toujours bien muni ; chaque escouade a ses jours de faction : en un mot, notre forteresse de

  1. Lorsque les Indiens demandèrent le nom du nouveau gouverneur, on leur répondit qu’il s’appelait Grande-Montagne (Mons magnus), en leur langue Ononthio. Ils continuèrent, dans la suite, à donner ce nom à tous les gouverneurs français ; le roi de France fut désigné par le nom de Grand Ononthio (Charlevoix, Bibaud).
  2. Relation de ce qui s’est passé en la Nouvelle-France en l’année 1635. Paris, chez Sébastien Cramoisy, 1636.