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métropole s’empressait, par politique, de laisser écouler ces éléments qui l’embarrassaient… Richelieu fit donc une grande faute lorsqu’il consentit à exclure les protestants des colonies, car, s’il fallait absolument éliminer une des deux religions pour avoir la paix, l’intérêt de la colonisation demandait que cette élimination tombât sur les catholiques qui émigraient peu ou point du tout, plutôt que sur les protestants qui ne demandaient qu’à sortir du royaume. »

Mais, chez Richelieu, le controversiste catholique, l’évêque de Luçon, chargé de la pourpre romaine, fit tort souvent au jugement de l’homme d’État. Dès 1625, à l’instigation des jésuites, Richelieu avait accueilli le projet d’une dissolution de l’ancienne Compagnie, en majorité composée de protestants, et de la formation d’une Compagnie nouvelle, où l’on n’accueillerait que des catholiques. En 1627, cette Compagnie nouvelle se constitua, au capital de 300,000 livres, et prit le nom de Compagnie des cent associés. Le cardinal de Richelieu, « grand-maître, chef et surintendant général de la navigation et du commerce de France », figurait lui-même à sa tête, avec le marquis d’Effiat, surintendant des finances, le commandeur de Razilly, l’abbé de la Madeleine, etc. Champlain, ainsi que plusieurs marchands de Paris, de Rouen, de Dieppe et de Bordeaux, avaient été admis à figurer parmi ses membres. Toutes les anciennes concessions de charges et de terres furent révoquées. La nouvelle Compagnie recevait, sous la seule réserve de la foi et hommage au roi, la pleine souveraineté sur « tout le pays de la Nouvelle-France, y compris la Floride, que les rois prédécesseurs de Sa Majesté avoient fait habiter, et