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demandant leur exclusion de la colonie. En 1625, les Jésuites vinrent à leur tour. Le duc de Montmorency avait vendu sa charge de vice-roi au duc de Ventadour. Ce dernier, fort bigot et qui même était entré dans les ordres, n’avait acheté cette charge qu’en vue de favoriser l’œuvre des missions catholiques. Il décida donc d’envoyer des jésuites pour aider les Récollets : « Il en parla au roi dont il obtint le consentement, et il fit entendre à Messieurs de la Compagnie qu’ils seraient obligés d’y concourir, de gré ou de force[1]. »

Il n’est pas étonnant si la Compagnie, qui comptait encore dans son sein un grand nombre de protestants, se rebiffa contre ces exigences. Elle avait déjà consenti à salarier les Récollets ; qu’avait-on besoin d’autres moines, et surtout de ces jésuites qui avaient déjà porté la division et le trouble dans la colonie de l’Acadie ? Un pamphlet, intitulé : l’Anti-Cotton[2] et qu’on se passa de main en main à Québec se fit, vers ce temps-là, l’écho de ces plaintes. Le duc de Ventadour n’en persista pas moins dans ses vues. Il fit passer, à ses frais, cinq jésuites à Québec ; ceux-ci trouvèrent, à leur arrivée, les esprits échauffés et toutes les portes fermées devant eux. Guillaume De Caën, l’un des associés huguenots, qui les avait amenés sur ses vaisseaux, les engageait à s’en retourner en France, lorsque les Récollets vinrent et leur offrirent l’hospitalité dans leur couvent de Saint-Charles[3]. L’année suivante (1626), De Caën était obligé, de par le roi, de prendre un com-

  1. Ferland. Tome Ier, p. 215.
  2. On sait que le P. Cotton était le jésuite confesseur du roi.
  3. Quelques années après (1633), les Récollets disparaissaient du Canada, évincés par leurs bons amis les jésuites.