Page:Réveillaud - Histoire du Canada et des canadiens français, de la découverte jusqu'à nos jours, 1884.djvu/69

Cette page a été validée par deux contributeurs.

jusque-là laissée en France. Le nouveau gouverneur, en débarquant à Québec, prit possession de son gouvernement avec quelque solennité : « On tira le canon, en signe d’allégresse, et chacun cria : Vive le Roi !… » Peu de temps après, commençaient les travaux de construction « du fort et château de Saint-Louis. »

Toutefois, le gouvernement de Champlain ressemblait un peu à celui de Sancho Pança, dans son île de Barataria. Encore cette fameuse île comprenait-elle mille maisons, tandis qu’après quatre ans de son gouvernement, la capitale de Champlain ne comptait encore que cinquante habitants, y compris les femmes et les enfants[1]. C’était peu pour remplir le redondant programme des lettres patentes que nous venons de citer plus haut. Aussi Champlain ne se lassait-il pas de réclamer des renforts, mais quand il demandait des colons, on lui envoyait des moines. Les Pères Récollets, nous l’avons vu, s’étaient établis, dès 1615, au nombre de quatre, à Québec, où on leur avait bâti une chapelle et un couvent ; d’autres religieux, du même ordre, vinrent, les années suivantes, se joindre à ceux-là, et l’un de leurs premiers soins fut de crier haro sur les huguenots, prétendant que ceux-ci « obligeaient les catholiques à assister à leurs chants de Marot[2], » et

  1. Parmi ces premiers colons du Canada, il convient de citer Hébert, ancien apothicaire de Paris, qui avait suivi de Mons et Poutrincourt en Acadie (Lescarbot parle de lui assez longuement dans son ouvrage) et qui, revenu en France, s’était décidé (en 1617) à suivre Champlain au Canada. De la postérité de ce Louis Hébert, ainsi que d’un certain Guillaume Couillard, établi à la même époque à Québec et qui épousa, en 1621, une fille de Hébert, sont sorties un grand nombre de familles du Canada.
  2. Histoire du Canada, par le F. Gabriel Sagard Théodat, récollet, 1636.