Page:Réveillaud - Histoire du Canada et des canadiens français, de la découverte jusqu'à nos jours, 1884.djvu/63

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et ramena avec lui des ouvriers qu’il destinait aux travaux de sa ville naissante.

Ses sauvages alliés, Hurons, Montagnais, Algonquins, attendaient son retour avec impatience pour lui proposer une nouvelle expédition contre les Iroquois. Champlain accepta encore de les conduire au combat, et sa présence et ses armes assurèrent le succès de cette nouvelle expédition comme elles avaient fait de la première. Cependant, la flèche d’un Iroquois qui l’atteignit et lui fit au cou et à l’oreille une légère blessure dut l’avertir de ce qu’il y avait pour lui de téméraire dans ces aventures où il n’avait d’ailleurs à recueillir ni grand profit, ni grand honneur.

C’est au retour de cette campagne qu’on apprit à Québec la mort tragique de Henri IV. La consternation fut extrême de cet évènement, et Champlain, que le roi avait honoré de sa bienveillance, sentit tout particulièrement l’étendue de cette perte. Pressentant que le sort et l’avenir de sa chère colonie allaient se décider à Paris, il se hâta de repasser l’Océan. « Champlain, remarque à ce propos le P. Charlevoix, ne faisoit qu’aller et venir de Québec en France, pour en tirer des secours qu’on ne lui fournissoit presque jamais tels, à beaucoup près, qu’il les demandoit. La cour ne se mêloit point de la Nouvelle-France et laissoit faire des particuliers dont les vues étoient bornées, qui n’avoient point d’autre objet que leur commerce et ne songeoient qu’à remplir leurs magasins de pelleteries, s’embarrassant peu de tout le reste… Les troubles de la régence, le défaut de concert entre les associés, la jalousie du commerce qui brouilla les négociants entre eux, tout cela mit bien des fois la colonie naissante en danger d’être