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assez son sujet. De là des faiblesses, des répétitions, une certaine monotonie dans la forme. Mais quelles images ! quelle ampleur de style ! quels coups d’aile magnifiques ! On respire, en le lisant, je ne sais quel parfum de sauvage grandeur. Tantôt sa strophe roule comme un char pesant d’artillerie ; tantôt elle éclate comme une fanfare de cuivre. Parfois elle gronde comme le vent d’hiver dans les forêts du nord, et parfois on croirait entendre les accords majestueux de l’orgue soufflant sous les piliers des vieilles cathédrales. Il y a des pages qui, à elles seules, suffiraient pour faire la réputation d’un poète[1]. »

Si nous voulions, après cette courte nomenclature des principaux poètes canadiens, passer en revue les historiens, les publicistes, les romanciers ou nouvellistes qui, sur les sujets les plus divers, ont manié, avec une parfaite aisance et une dextérité souvent originale, l’admirable instrument de la prose française, ce ne sont plus des alinéas qu’il nous faudrait, mais des chapitres ou même des volumes. On trouvera dans l’ouvrage de M. Lareau : Histoire de la littérature canadienne[2], un catalogue aussi complet et une étude aussi consciencieuse que possible de tous les auteurs qui occupent une place, grande ou petite, au foyer des lettres canadiennes. D’après ce que nous pouvons en juger, à distance et dans l’ignorance où nous sommes d’un trop grand nombre de leurs ouvrages, les plus originaux, parmi les auteurs les plus dignes de figurer au panthéon de la littérature française universelle, sont, pour nous en tenir au présent siècle : dans l’histoire : Michel Bibaud, souvent incorrect et touffu, mais qui a eu l’honneur d’ouvrir le chemin à ses successeurs ; Jacques Viger « appelé le Saumaise ou le bénédictin du Canada » ; Joseph Bouchette, qui en serait le Strabon ; G.-B Faribault, érudit patient et investigateur laborieux qui a laissé un catalogue

  1. Cité par Edmond Lareau : Histoire de la littérature canadienne. Montréal, 1874.
  2. Montréal, 1874.