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tour[1] dont le fils, Charles, alors âgé de quatorze ans, devait jouer un grand rôle dans la nouvelle colonie.

Celle-ci reprenait vie une fois de plus et rien n’empêchait qu’elle ne s’accrût et ne prospérât très rapidement, sous la direction paternelle de M. de Poutrincourt. Malheureusement et dans l’année même de cette reprise de possession (1610), Henri IV mourait assassiné par le couteau d’un fanatique. « Cette calamité, remarque l’historien du Canada, n’eut pas de suites moins funestes pour la lointaine et faible colonie de la baie française que pour le reste du royaume. L’intrigue et la violence qui remplacèrent, sous Marie de Médicis et son ministre Concini, la politique conciliante du feu roi, vinrent troubler jusqu’aux humides cabanes de Port-Royal et amenèrent pour la seconde fois leur ruine[2]. »

Le crime de Ravaillac avança singulièrement en cette occurrence les affaires de ses anciens maîtres. « En effet, continue notre auteur, le ministre italien était à peine au pouvoir que les Jésuites, par son influence, forçaient M. de Poutrincourt à les recevoir dans son établissement en qualité de missionnaires. » Les associés, qui étaient huguenots ou qui avaient des préventions contre les jésuites, les regardant comme les auteurs de la Ligue et de l’assassinat de Henri IV, préférèrent se retirer de la société que de consentir à

  1. Ce nom de Delatour, ainsi orthographié, et non de la Tour, comme l’écrivent la plupart des historiens de la Nouvelle-France, est encore aujourd’hui porté en Champagne par de nombreuses familles.
  2. Garneau, Tome Ier, p. 47.