Page:Réveillaud - Histoire du Canada et des canadiens français, de la découverte jusqu'à nos jours, 1884.djvu/483

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

laissé derrière soi ces deux colonnes d’Hercule qui s’appellent le cap Trinité et le cap Éternité, on entre bientôt dans une vaste plaine, pacifique, riante et fertile, dont les terres d’alluvion, grasses et profondes, se prêtent admirablement à la culture des céréales. Aussi, depuis quarante ans, une nuée de colons canadiens s’est-elle transportée des « vieilles paroisses » du Saint-Laurent, trop pleines d’habitants, vers cette Canaan du Nord, capable, assure-t-on, de nourrir plusieurs centaines de mille âmes. Mais ce chiffre est encore loin d’être atteint, car au dernier recensement, les deux comtés du Saguenay et de Chicoutimi ne comptaient ensemble qu’un peu plus de 30,000 habitants ainsi répartis par origines : 29,324 Français, 991 Anglais, 232 Irlandais, 347 Écossais, 1,480 sauvages. Les principaux centres de population de cette région sont : Bagotville, Saint-Alexis et Saint-Alphonse sur la baie des Ha ! ha !, Chicoutirni, sur le Saguenay ; Saint-Jérôme, Saint-Louis-de-Chambord, la Pointe-Bleue ou Roberval, sur le lac Saint-Jean. Un chemin de fer dirigé de Québec vers le lac Saint-Jean est actuellement en construction, et assurera l’avenir économique de cette fertile région.

Sur la côte sud du Saint-Laurent, les comtés de Bellechasse, Montmagny et l’Islet sont, — comme sur l’autre bord, les comtés de Québec et de Montmorency, — parmi les plus anciennement colonisés de tout le Canada. La densité de la population, presque entièrement française de race, y serait bien plus grande qu’elle ne l’est, si ces comtés n’avaient périodiquement déversé le trop plein de leurs habitants soit dans les autres régions du Canada, soit dans les États-Unis, aux-