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N’était l’obstacle causé par les glaces qui pétrifient les eaux du Saint-Laurent pendant cinq mois de l’année, et interrompent forcément la navigation pendant ce long intervalle, l’immense fleuve, corrigé dans ses caprices de torrents, de rapides et de cataractes, par une canalisation intelligente, serait le débouché le plus général, comme il est le plus économique et le plus naturel, des produits agricoles de l’Ouest américain, et Montréal, si bien situé pour en être l’entrepôt, pourrait prétendre à rivaliser avec New-York. Telle qu’elle est, avec ce trop long chômage forcé de ses communications fluviales, Montréal n’en est pas moins, nous l’avons dit, une ville puissamment affairée et industrieuse, qui croît, se développe et s’embellit tous les jours et qui a déjà un lot assez beau pour penser sans envie à ce qui lui manque encore.

C’est à quelques lieues au-dessus de Montréal, après qu’on a passé les bourgs de Lachine et de Sainte-Anne, que l’Outaouais, — sorti des lacs nombreux et enchevêtrés qui couvrent la région septentrionale de la province, — vient mêler ses eaux brunes aux eaux vertes du Saint-Laurent, en formant, au lieu de cette jonction, plusieurs îles, dont deux fort étendues : l’île de Montréal, que nous venons de laisser, et l’île Jésus qui renferme plusieurs paroisses, formant le comté de Laval.

L’entre-deux de la fourche que forment les deux rivières avant leur jonction, appartient encore, par les deux comtés de Vaudreuil et de Soulanges, à la province de Québec.

Mais au-delà, et laissant en arrière la petite ville de Coteau-du-Lac, nous entrons dans les comtés de Glen-