Page:Réveillaud - Histoire du Canada et des canadiens français, de la découverte jusqu'à nos jours, 1884.djvu/47

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

chacun marche l’œil droit, s’il ne veut encourir la censure soit du maire, soit des ministres de la ville… »


« Et puis que j’entreprends une histoire narrative des choses en la façon qu’elles se sont passées, je dirai que ce nous est chose honteuse que les ministres de La Rochelle priassent Dieu chaque jour en leurs assemblées pour la conversion des pauvres peuples sauvages et même pour notre conduite, et que nos ecclésiastiques ne fissent pas le semblable. De vérité nous n’avions prie ni les uns ni les autres de ce faire, mais en cela se reconnaît le zèle d’un chacun. Enfin, peu auparavant notre départ il me souvint de demander au sieur curé ou vicaire de l’Église de La Rochelle, s’il ne pourroit point trouver quelque sien confrère qui voulût venir avec nous : ce que j’esperoy se pouvoir aisément faire, pource qu’ils étoient là en assez bon nombre, et joint qu’étant en une ville maritime, je cuidoy qu’ils prinssent plaisir de voguer sur les flots ; mais je ne peu rien obtenir. Et me fut dit pour excuse qu’il faudroit des gens qui fussent poussez de grand zèle de piété pour aller en tels voyages et seroit bon de s’adresser aux Pères Jésuites. Ce que nous ne pouvions faire alors, notre vaisseau ayant presque sa charge. À propos de quoy il me souvient avoir plusieurs fois ouy dire au sieur de Poutrincourt qu’après son premier voyage étant en court, un Jésuite de Court lui demanda ce qui se pourroit espérer de la conversion des peuples de la Nouvelle-France et s’ils étoient en grand nombre. À quoy il répondit qu’il y avoit moyen d’acquérir cent mille