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M. de Mors conserva la compagnie formée par son prédécesseur, mais en l’augmentant par l’adjonction de marchands de La Rochelle et d’autres villes. Quatre vaisseaux furent équipés au Havre, dont un se dirigea vers Tadoussac et un autre vers le détroit de Canceau[1] en vue de la traite des fourrures et de la pêche de la morue.

Les deux autres, sur lesquels M. de Mons et Champlain avaient pris place, firent voile plus au sud. M. de Mons estimait, en effet, que les établissements du Saint-Laurent étaient situés trop au nord et qu’il serait avantageux de se fixer dans un climat moins rigoureux. Il avait donc porté ses vues sur les côtes de l’Acadie (aujourd’hui Nouvelle-Écosse) et c’est pour cette contrée, encore inexplorée, qu’il partit, en mars 1604, emmenant avec lui « nombre de gentilshommes — parmi lesquels M. de Poutrincourt, baron de Saint-Just, en Champagne, — et toutes sortes d’artisans, soldats et autres, tant d’une que d’autre région, prestres et ministres[2] ».

Après avoir atteint la côte de l’Acadie et contourné la vaste presqu’île dans tous ses sens, on prit terre sur la côte orientale dans une île de la baie de Passamacady qu’on nomma Sainte-Croix et où on résolut de s’établir. On y construisit, en effet, quelques magasins ; mais on s’aperçut bientôt que l’eau manquait et que le climat était à la fois rigoureux et peu salubre. Notre colonie se transporta en conséquence sur la côte occi-

  1. Canceau ou Chanseau, avait, au XVIe siècle le sens de bornes, limites. (Voir Littré au mot Cancel). C’est le détroit qui limite au nord-est, le continent américain.
  2. Relation de Champlain.