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rain, inconnu d’elle jusque-là, celui de la politique, y remporte les plus beaux succès, jusqu’à obliger ses adversaires à traiter et à composer avec elle, et, sans afficher bruyamment la revanche, remporte enfin, par la conquête de son indépendance, un triomphe qui a toute la valeur et toute la portée d’une glorieuse revanche. Noble et vaillante race, an demeurant, quelles que soient les ombres qu’on puisse mettre au tableau, que cette race de nos Canadiens-Français, faite de notre plus pur sang celtique ; sortie, à l’origine, de ces fortes et sages provinces de l’ouest, de cette Normandie notamment et de cette Bretagne dont Michelet a écrit : « La Bretagne est la résistance, la Normandie la conquête ; aujourd’hui conquête sur la nature, agriculture, industrialisme. Ce génie ambitieux et conquérant se produit d’ordinaire par la ténacité, souvent par l’audace et l’élan ; et l’élan va parfois au sublime : témoin tant d’héroïques marins, témoin le grand Corneille. »

Cet esprit de résistance et de ténacité conquérante, qu’ils ont hérité de leurs pères normands, percherons, bretons, poitevins, saintongeais, ne l’avons-nous pas retrouvé dans les Canadiens-Français, presque à toutes les pages de leur histoire ? N’est-ce pas par ces vertus de fermeté et de patience qu’ils se sont fait leur place au soleil d’Amérique et l’ont maintenue contre vents et marées, en dépit des évènements et des hommes ?

Dès à présent, et quelles que soient les destinées que l’avenir réserve à ce rejeton détaché du vieux tronc français, on peut tirer du passé l’assurance que la France ne sera pas déshonorée dans cette lignée de ses enfants, et que ceux-ci sauront garder intact, avec un souvenir filial de la vieille mère-patrie, le culte de l’hon-