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fort Colborne, contre les volontaires du Haut-Canada, les Fénians, repoussés ensuite, se débandèrent ; plusieurs de leurs chefs furent pris et traduits en jugement ; ce qui put échapper rentra sur le territoire des États-Unis. En 1870, l’organisation féniane devait renouveler cette tentative, mais sans plus de succès qu’en 1866.

Il nous faut maintenant revenir un peu en arrière, pour rendre compte du mouvement d’opinion qui allait aboutir à la rupture de l’Acte d’union entre les deux Canadas et à la constitution de la Confédération canadienne.

La Chambre étant partagée, nous l’avons vu, en deux fractions à peu près égales en force, le cabinet Taché-Mac Donald, qui s’appuyait sur l’élément conservateur, n’était pas moins exposé que son prédécesseur à des crises parlementaires. Le moindre incident pouvait le mettre en échec ; et, en effet, moins de trois mois après sa constitution (le 14 juin 1864), le ministère était mis en minorité de deux voix sur une question relative à un prêt de 100,000 piastres, fait à la ville de Montréal. Le ministère pouvait recourir à la dissolution de la Chambre, et il pensa en effet à faire usage de son droit ; mais il s’avisa à ce moment d’engager des pourparlers avec ses adversaires, et ceux-ci, M. Brown en tête, jugeant que l’occasion était propice pour régler les difficultés inhérentes au pacte fédéral des deux provinces, consentirent à un rapprochement sur les bases de la refonte de la constitution. L’idée d’une confédération embrassant non seulement le Haut et le Bas-Canada, mais toutes les provinces de l’Amérique du Nord soumises à la couronne britannique et laissant à