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la milice fut repoussé ; et cette fois, c’étaient surtout les représentants du Bas-Canada qui formaient l’appoint de l’opposition.

Ce vote, qui entraîna la chute du Cabinet Cartier-John A. Mac-Donald fut, en Angleterre, assez vivement commenté dans la presse et dans le Parlement. On en tira cette conséquence que le Canada, puisqu’il n’était plus d’aucun profit pour la métropole et qu’il refusait de coopérer à la défense commune de son territoire, devait être abandonné à ses propres destinées et que l’Angleterre devait même se hâter de retirer les douze mille hommes de troupes qu’elle y entretenait encore. C’est la thèse que soutint entr’autres M. Goldwin-Smith au Parlement de Westminster ; le premier ministre, lord Palmerston, laissa voir, dans sa réponse, qu’il n’était pas éloigné de partager ces vues ; il déclara que la métropole maintiendrait, mais sans l’augmenter, le chiffre de troupes qui étaient alors au Canada : c’était dire que pour tout le reste les Canadiens n’avaient à compter que sur eux-mêmes. En fait nous verrons bientôt (en 1871) le dernier soldat anglais repasser l’Atlantique.


Après la chute du Cabinet Cartier-J. Mac Donald, le gouverneur, lord Monck, s’adressa aux libéraux et chargea un député du Haut-Canada, M. J. Sanfield Mac Donald, de constituer le ministère (mai 1862). Celui-ci fit appel, pour le Bas-Canada, au concours d’un libéral modéré, M. Sicotte, celui-là même que nous avons vu précédemment rompre avec le Cabinet Cartier, à propos du choix de la capitale. M. Sicotte, de son côté, fit entrer avec lui dans le Cabinet M. Dorion,