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gouvernement britannique, qui demandait réparation de l’insulte faite à son pavillon. Le Canada put craindre, à ce moment, de devenir le champ clos où se viderait cette querelle, et déjà, en effet, le gouvernement anglais dirigeait vers le Canada des troupes et des munitions ; mais heureusement l’apaisement se fit par les seules voies diplomatiques, les États-Unis consentant à rendre les prisonniers qu’ils avaient faits sur le pont du Trent. Il ne resta rien de cette émotion qu’un projet de loi soumis au Parlement canadien, pour l’accroissement et l’organisation des milices locales. C’est ce projet de loi qui entraîna la chute du ministère conservateur. Le rapport annexé au projet assurait qu’une force active de 50,000 hommes, astreints à faire chaque année vingt-huit jours d’exercice, et une réserve d’un pareil nombre, étaient nécessaires à la défense du Canada. Il recommandait la division de la province en districts militaires et la construction d’un arsenal dans chaque district. Le projet devait entraîner pour la première année une dépense de 850,000 piastres, et pour l’avenir, une dépense annuelle de 500,000 piastres.

La population était, dans son ensemble, peu favorable à ce projet de loi, qui avait le grand tort, à ses yeux, de grever encore un budget déjà en déficit et d’être un premier pas sur la voie de la conscription.

L’orage s’amoncelait sur la tête des ministres. Pour l’écarter, plusieurs de leurs amis leur conseillaient ou de retirer le projet de loi, ou du moins de le modifier dans ses parties les plus impopulaires. Les ministres tinrent bon ; ils se croyaient de force à conjurer l’orage. L’événement leur donna tort. À la majorité de soixante-une voix contre cinquante-quatre, le projet de loi sur