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profiter aux Canadiens-Français, devint au contraire le premier article du programme de ces anglo-saxons « opprimés », du jour où ils trouvèrent le moindre avantage à la réclamer. On organisa l’agitation sur cette question dans tout le Haut-Canada. « On fit des processions, des assemblées, des démonstrations où se déployaient des bannières ornées de la devise : Rep. by Pop., abréviation de Representation by population. Dix ans avant Sedan, on développa, on exploita là-bas la fameuse théorie des races inférieures. Les descendants des Gaulois furent voués au sort des Hurons ou autres Peaux-Ronges, dans les innombrables pamphlets d’une foule d’ethnologues de contrebande, dont les plus acharnés, venus des Highlands d’Écosse et des tourbières de la verte Erin, n’avaient guère dans les veines que du sang celtique. Tandis qu’en Angleterre, les préjugés gallophobes s’éteignaient peu à peu, grâce en partie à la confraternité d’armes des champs de bataille de la Crimée, ils redoublaient de violence au Canada[1]. » Sur les querelles de race se greffaient d’ailleurs les animosités religieuses, le Bas-Canada étant aux deux tiers catholique, tandis que le Haut-Canada était en grande majorité peuplé de protestants. Les élections générales qui eurent lieu en 1857, marquent peut-être le point le plus aigu de ces conflits entre les ambitions ou plutôt entre les passions rivales des deux provinces. Le Bas-Canada, sous l’influence du clergé romain, tout à fait dominante à ce moment, renforça sur les bancs de la Chambre l’élément conservateur-catholique, tandis que le Haut-Canada envoyait, au

  1. H. de Lamothe. Cinq mois chez les Français d’Amérique, p. 142.