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sorte de compromis qui plaçait, et à tour de rôle, le siège du gouvernement à Québec et à Toronto. Mais cette alternance de deux capitales et les déplacements qu’elle entraînait à sa suite, n’étaient pas faits pour faciliter l’administration des affaires publiques, ni pour en diminuer les dépenses. Les députés souffraient particulièrement d’être condamnés à cette sorte d’itinérance permanente. La majorité de la Chambre se prononça contre le système des capitales alternées. Ce vote acquis, restait à fixer la Capitale définitive et là commençaient les rivalités de province. Une majorité de 62 voix contre 51 se rallia cependant sur le nom de Québec, la ville la plus ancienne et la plus illustre du Canada, et celle qui, par son passé, avait assurément le plus de titres à cette distinction.

Mais à peine le vote était-il acquis, que les députés du Haut-Canada faisaient entendre de très vives protestations, se plaignant qu’on eût sacrifié leur province, que la capitale ne fût pas assez centrale, etc. Lorsque le gouvernement, pour donner effet à la décision de la Chambre, introduisit une demande de crédit de 200,000 piastres, en vue de la construction des édifices publics destinés à recevoir définitivement le Parlement, les adversaires de Québec soutinrent un amendement qui critiquait la conduite du ministère, et bien que repoussé à la majorité de 70 voix contre 47, cet amendement n’en détermina pas moins une crise ministérielle, parce qu’il avait rallié les voix de la majorité des députés du Haut-Canada (33 contre 27) et que les ministres qui représentaient plus spécialement cette province ne crurent pas, à tort ou à raison, devoir conserver leurs fonctions dans les