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de toute cette population de race et de langue françaises, qui après avoir si longtemps lutté pour ses droits les plus élémentaires, voyait maintenant son indépendance et ses libertés assurées.

L’erreur de M. Papineau — le vieux combattant de toutes les luttes libérales, que la reconnaissance de ses concitoyens venait de renvoyer au Parlement, — fut de ne pas s’associer, à ce moment, à cette détente universelle et de conserver dans une situation toute nouvelle l’attitude et le langage, les passions et les défiances d’autrefois. Au lieu de reconnaître les avantage déjà obtenus sur le terrain constitutionnel et de joindre ses efforts à ceux de MM. Lafontaine, Caron et autres qui tâchaient de tirer des institutions en vigueur tout ce qu’elles pouvaient donner, pour améliorer de plus en plus la condition de la race française au Canada et redresser ses derniers griefs, M. Papineau s’obstinait à dénoncer l’Acte d’Union de 1841, au moment même où — par suite de l’accroissement de la population du Haut-Canada, qui promettait de dépasser sous peu celle du Bas-Canada, — le vice originel de la constitution, l’inégalité qu’elle consacrait dans la représentation des deux provinces, allait disparaître ou même profiter à la province inférieure. En homme qui « n’a rien oublié, ni rien appris », il se posait en théoricien de l’absolu ; il citait en exemple les nations d’Europe alors travaillées, à la suite de notre République de 1848, de la fièvre des révolutions ; il attaquait, il harcelait le ministère Lafontaine-Baldwin, lui reprochant de trahir les principes qui l’avaient porté au pouvoir et laissant entendre que, pour son compte personnel, il préférerait l’annexion à la grande Répu-