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entre la Russie et les États-Unis, suivi l’année suivante d’un traité entre la Russie et la Grande-Bretagne. Le territoire de l’Amérique russe était limité au sud par une ligne qui, partie du détroit de Vancouver, embrassait l’archipel du prince de Galles et la Nouvelle-Cornouailles et, longeant la côte jusqu’au mont Saint-Élie, se dirigeait ensuite vers le Nord et la mer glaciale, selon le 141° de longitude (méridien de Greenwich)[1].

Mais le débat restait pendant entre la Grande-Bretagne qui par la compagnie de la baie d’Hudson possédait depuis longtemps des comptoirs fortifiés sur le fleuve Orégon, et les États-Unis, ceux-ci persistant à réclamer tout le bassin de l’Orégon et prétendant que la Louisiane, que le premier consul Bonaparte leur avait cédée, en 1802, pour 75 millions de francs, s’étendait sur les deux versants des Montagnes-Rocheuses jusqu’au quarante-neuvième degré de latitude nord. La prétention était hardie, mais elle s’adaptait si bien à la fameuse doctrine de Monroë (l’Amérique aux Américains) que le gouvernement des États-Unis n’hésita pas à la soutenir à grand renfort d’arguties et aussi par des paroles menaçantes. La guerre parut un moment sur le point d’éclater. « Mais il advint, dit l’histoire ou la légende[2], que, vers cette époque, un frère du premier ministre britannique faisait partie de l’état-major d’un navire de guerre en station sur les côtes du pays contesté. Grand amateur de pêche, il ne trouvait que déception dans l’exercice de son sport favori. Les sau-

  1. On sait qu’en 1867, la Russie a cédé ce territoire aux États-Unis, il forme maintenant le « territoire d’Alaska. »
  2. H. de Lamothe. — Cinq mois chez les Français d’Amérique, p. 254.