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Cabinet. Il s’associa, pour cette tâche, Robert Baldwin, le chef des libéraux du Haut-Canada. La population du Canada français salua avec enthousiasme ce fait si nouveau de l’avènement de l’un des siens à la tête des affaires publiques, dans ce pays civilisé par elle et où elle était, depuis quatre-vingts ans, traitée en inférieure et en étrangère.

Le ministère Lafontaine-Baldwin put compter, dès son arrivée aux affaires, sur une majorité considérable dans la Chambre. Il en profita pour faire voter, dans la session suivante, plusieurs mesures de réparation et d’équité. Les ministres firent transférer la capitale du Canada-Uni de Kingston à Montréal qui était déjà la ville la plus populeuse (40,000 âmes en 1842) et la plus riche du Canada. Ils firent modifier l’assiette de la liste civile et reconnurent à la Chambre seule le droit de voter le budget et de fixer les impôts. Enfin, en rendant les juges indépendants de la couronne et en faisant proclamer l’incompatibilité entre les fonctions administratives et le mandat de représentant, ils mirent fin à des abus qui avaient menacé de corrompre, dès le début, le fonctionnement du régime parlementaire.

Ces mesures, quoique votées toutes à une majorité considérable, n’allèrent pas sans de vives protestations du fait des conservateurs dépossédés du pouvoir et qui affectaient de prétendre, par l’organe de sir Allan Mac Nab, que « les rebelles étaient récompensés, au détriment des sujets fidèles et loyaux de Sa Majesté ».

Sir Charles Bagot, enlevé sur ces entrefaites par la mort, fut remplacé comme gouverneur par lord Metcalfe (1843). Ce dernier gouverna quelque temps de concert avec le cabinet libéral ; mais bientôt, trouvant