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n’avançait pas, ou même elle semblait étouffée dans son germe. Pendant un intervalle de trente années, aucune entreprise sérieuse ne fut faite pour reprendre cette œuvre et, sauf les barques des pêcheurs normands, bretons ou basques qui continuaient de visiter, pour la pêche de la morue, les parages de Terre-Neuve, ou pénétraient même, pour le trafic des pelleteries, dans le bassin du Saint-Laurent, le pavillon français avait cessé de se montrer dans les eaux de l’Amérique.

Qu’il nous soit permis de combler cet intervalle et de préparer la transition aux tentatives que nous allons maintenant raconter par une citation de Garneau, l’historien national du Canada. Cette page vient si bien à l’appui de nos propres observations que nous aurions regret de la passer sous silence :

« En formant, écrit cet auteur, des établissements protestants français dans le Nouveau-Monde, Coligny exécutait un projet patriotique dont l’Angleterre, en l’imitant, sut ensuite profiter, et dont nous voyons aujourd’hui les immenses résultats. Il voulait ouvrir, en Amérique, à tous ceux qui s’étaient séparés de la religion dominante, un asile où, tout en formant partie du même empire et en augmentant son étendue et sa puissance, ils pourraient jouir des avantages que possédaient les fidèles de l’ancienne religion dans la mère-patrie. C’était une des plus belles et des plus nobles conceptions des temps modernes. Si elle n’a pas réussi, c’est que, par malheur, le parti catholique qui conservait toujours la principale influence sur le trône s’y opposa sans cesse, tantôt sourdement, tantôt ouvertement, — excité par la cour de Rome étrangère à