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vembre, sur le canal Beauharnais, par la prise d’un navire marchand, le Henry Brougham, et par le pillage de quelques maisons appartenant à des Anglais. Après avoir coupé le chemin de Laprairie à Saint-Jean et arrêté le courrier qui faisait le service de Québec au Bout-de-l’Isle, cette bande se porta vers les villages de Saint-Denis, Saint-Charles et Saint-Ours où elle pensait trouver des armes et des munitions ; mais ne trouvant rien de ce qu’ils cherchaient, les insurgés se dispersèrent. Un autre parti de rebelles s’était formé, vers le même temps, à Châteauguay et, comme eux aussi manquaient d’armes, ils essayèrent de s’emparer par surprise de celles des Indiens Caughnawaga, et choisirent, pour exécuter leur projet, le moment où ces sauvages étaient rassemblés à la messe. Mais une femme de la tribu, demeurée aux champs, les avait aperçus et elle donna l’éveil assez à temps pour que les sauvages, courant à leurs armes, se missent en mesure de repousser cette agression. Ils poussèrent leur cri de guerre, chargèrent les agresseurs, les mirent en fuite, et firent 64 prisonniers, qu’ils emmenèrent triomphalement à Montréal.

Les débris de ces deux bandes vinrent se réunir autour de Robert Nelson, qui avait établi son quartier-général à Napierville, tout près de la frontière américaine. Son armée de volontaires comptait alors au-dessus de 2,000 hommes, mais il y avait dans ce nombre beaucoup de non-valeurs, et d’ailleurs au même moment sir John Colborne réunissait sous ses ordres une armée de six mille hommes de troupes régulières, sans parler de 500 volontaires et de 400 sauvages. Nelson, sentant qu’il ne pourrait se maintenir à Na-