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seigneuriale, laquelle avait été convertie en forteresse et percée de meurtrières, se trouvaient réunis de quatre à cinq cents hommes, la plupart, sans armes, comme ceux de Saint-Denis ; ils obéissaient aux ordres d’un nommé Brown ; mais celui-ci s’étant dérobé par la fuite dès le commencement de l’attaque, M. Marchesseau prit à sa place le commandement. Deux canons, que les insurgés avaient avec eux, ne leur furent d’aucun secours. Le colonel Witherall, disposant de forces très supérieures en nombre, tourna les retranchements, prit possession de la colline sur laquelle il plaça son artillerie et enveloppa les deux côtés de la fortification de manière à ne laisser aux « rebelles » d’autre issue que par la rivière ; alors il donna l’ordre d’attaquer les retranchements, et une décharge générale de mousqueterie précéda l’assaut. Les insurgés répondirent par une fusillade bien nourrie qui jeta, pendant un moment, la confusion parmi les assaillants ; mais ceux-ci se reformèrent bientôt et soutenus par les coups répétés de l’artillerie, dont les boulets eurent bientôt renversé les minces retranchements dont se couvraient leurs adversaires, ils reprirent, vigoureusement l’offensive. Les insurgés lâchèrent pied et, comme ils s’enfuyaient dans la direction de la rivière, le colonel Witherall ordonna de charger à la bayonnette. Ce fut le signal d’un massacre effroyable ; cent vingt-cinq hommes environ parmi « les patriotes » tombèrent sur le champ de bataille ; il y eut une quarantaine de blessés et autant de prisonniers. Witherall fit brûler le camp et tout ce qu’il contenait[1].

  1. L. N. Carrier, p. 81.