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de nuit faite par une pluie battante et des chemins affreux.

Les insurgés les attendaient ; ils avaient été prévenus de leur arrivée par un courrier envoyé par le curé de Sorel. Aussitôt qu’on vit apparaître les soldats, on sonna le tocsin et sept ou huit cents « patriotes » se trouvèrent réunis ; ils étaient mal armés, n’ayant guère qu’une centaine de fusils, et pour le surplus, n’étant munis que de sabres ou de faulx. Papineau se trouvait là, caché dans la maison du docteur Nelson. On lui conseilla de ne pas exposer sa vie : « Ce n’est pas en combattant, lui dit-on, que vous serez le plus utile ; nous aurons besoin de vous plus tard. » Papineau se laissa convaincre et chercha son salut dans une fuite qui lui fut, plus tard, durement reprochée.

Les insurgés commencèrent le feu par une décharge de mousqueterie sur l’avant-garde des troupes qui se trouvaient dans un vallon ; celle-ci essuya le feu sans perte ; puis toutes les troupes donnèrent de l’avant et s’emparèrent, d’une grange et de quelques maisons attenantes. Elles ouvrirent un feu de mousqueterie et d’artillerie sur les insurgés qui s’étaient retranchés, pour la plupart, dans une grande et solide maison appartenant à une dame Saint-Germain ; un boulet lancé contre cette maison fit une trouée dans le mur et tua du coup trois des plus braves combattants. Néanmoins, voyant que sa canonnade et sa mousqueterie produisaient peu d’effet, le colonel Gore ordonna au capitaine Markham d’aller s’emparer d’une distillerie appartenant à MM. Nelson et Marchesseau, où une vingtaine d’insurgés s’étaient abrités et d’où ils faisaient beaucoup de mal à ses troupes ; mais ce fut en vain qu’on