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Cependant, au dehors, l’agitation des partis allait croissant. Pendant que le « parti réformiste » se grossissait de tous les mécontents qu’avait faits l’administration anglaise, le parti anglais de son côté, dont l’immigration anglo-saxonne avait sensiblement augmenté les rangs depuis 50 ans, formait des associations « constitutionnelles » dont les principaux centres se trouvaient à Montréal et à Québec. Les « constitutionnels » de Montréal formèrent même un corps de carabiniers volontaires composé de 800 hommes, avec le but avoué de comprimer le parti de la réforme ; le gouverneur ordonna la dissolution de cette troupe. Dans le Haut-Canada, le Nouveau-Brunswick et la Nouvelle-Écosse, où dominait l’élément anglo-saxon, la presse et l’opinion appuyaient aussi toutes les mesures prises ou à prendre contre les Canadiens-Français. Il fallait à tout prix, disait-on, angliciser le Bas-Canada, dût le Canada pour cela cesser d’appartenir à l’Angleterre. On affectait de traiter les Canadiens d’origine française comme une race inférieure à qui l’on pouvait sans scrupule refuser les droits qu’ont toutes les nations civilisées de s’administrer elles-mêmes.

Le temps se passait sans amener aucune amélioration dans la situation. Loin de là, les manifestations populaires devenaient de jour en jour plus menaçantes ; on invoquait les souvenirs de l’indépendance des États-Unis, on répandait des appels aux armes, on alla jusqu’à pendre le gouverneur en effigie.

Au mois de mars 1837, le Parlement anglais fut saisi du rapport des trois commissaires du Canada. Les commissaires s’étaient inspirés, dans leur travail, de toutes les préventions et de toutes les passions de l’oli-