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échouer le plan d’invasion le mieux combiné qu’eût encore formé la République américaine pour la conquête du Canada[1].

Cette guerre, qui dura trois ans sans être glorieuse ni pour les Anglais ni pour les Américains, se termina par un traité dont personne n’eut lieu non plus de se glorifier. La paix de Gand (1814) trancha le différend

  1. Un monument commémoratif de cette victoire a été élevé, le 7 juin 1881, à Chambly (province de Québec). La statue de Salaberry est l’œuvre d’un Canadien français, M. Hébert, et a été fondue dans les ateliers d’un autre Canadien français, M. L.-J. Bérard. Un des meilleurs poètes du Canada contemporain, M. Fréchette, a composé pour la circonstance une belle pièce de vers qui mérite d’être reproduite ici :


    Vous fûtes glorieux, jours de mil-huit cent douze,
    Quand nos pères, grands cœurs qui battaient sous la blouse,
          Oubliant d’immortels affronts,
    Sous les drapeaux anglais, en cohortes altières,
    La carabine au poing, se ruaient aux frontières
          En chantant avec les clairons !
    Gars à la joue imberbe, hommes aux mains robustes,
    Toujours prêts à venger toutes les causes justes
          Comme à braver tous les pouvoirs !
    Toujours prêts — ces vaillants — au premier cri d’alerte,
    À répondre, arme au bras et la poitrine ouverte
          À l’appel de tous les devoirs !
    Regardez-les passer, ces héros d’un autre âge,
    Conscrits dont le sang-froid, la gaîté, le courage.
          Font honte au soldat aguerri !
    Où vont-ils ? Au combat ! D’où viennent-ils ? De France !
    Comment s’appellent-ils ? Ils s’appellent vaillance !
          Demandez à Salaberry.
    Ce sont les Voltigeurs ! Ils sont trois cents à peine ;
    Mais, vainqueurs d’une lutte ardente, surhumaine,
          Ils vont de leur sang prodigué
    Sous des trombes de feu, riant des projectiles,
    Un contre vingt, inscrire auprès des Thermopyles,
          Le nom rival de Châteauguay.
    Avenir, saluez, saluez tous ces braves.
    Leur héroïsme a su, repoussant les entraves
          Qu’on forgeait pour nos conquérants,
    Rajeunir sur nos bords la légende de gloire,
    Qui dit que lorsque Dieu frappe fort dans l’histoire.
          C’est toujours par la main des Francs.