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hésitations parmi quelques jeunes députés, qu’avait plus particulièrement outrés la conduite de Craig. MM. Viger, L. J. Papineau, Borgia et autres, tinrent une réunion secrète à Québec pour examiner si les Canadiens ne devraient pas rester neutres et laisser au parti oppresseur qui dominait le Canada, le soin de se défendre comme il le pourrait ; mais M. Bédard et ses amis combattirent ces vues qui furent abandonnées.

Déjà, d’ailleurs, un souffle belliqueux avait passé sur tout le pays. Les villes et les campagnes retentissaient du bruit des armes ; les milices s’exerçaient sous la direction de leurs officiers ; « la population française était ressaisie par cette ardeur belliqueuse qui forme un des traits caractéristiques de la race[1]. »

Les troupes américaines devaient attaquer le Canada par divers endroits. Nous ne raconterons pas les nombreuses péripéties de cette guerre de deux ans, entremêlée de succès et de revers pour les deux armées. Il nous suffira de dire que les Franco-Canadiens ne déméritèrent pas, durant toute cette campagne, du renom de bravoure guerrière qu’ils tenaient de leurs ancêtres, et se montrèrent les dignes frères d’armes de nos pères, les Français d’Europe qui, en ce même temps, prenaient Moscou après des étapes marquées par les noms de tant de capitales. C’est notamment à la valeur de ses milices canadiennes que le lieutenant-colonel de Salaberry dut la belle victoire qu’il remporta sur le général américain Hampton, près des rives du Châteauguay, le 20 octobre 1812. L’armée américaine, forte de 7,500 fantassins, 400 cavaliers et deux batteries d’artillerie,

  1. Garneau. T. III, p. 169.