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niques. Au général Prescott (1797-1799), succéda sir Robert Shore-Milnes dont l’administration ne fut marquée par aucun fait bien saillant et qui lui-même céda la place, en 1805, au conseiller Dunn, en attendant l’arrivée de son successeur, sir James Craig.

Celui-ci arriva au mois d’octobre 1807. L’Angleterre était alors au plus fort de sa lutte contre Napoléon, et, dans ce conflit colossal, les sympathies des États-Unis étaient visiblement pour la France contre l’Angleterre. Une nouvelle guerre entre les États-Unis et leur ancienne métropole paraissait même à la veille d’éclater, et le Canada risquait d’être encore une fois le point de mire de la République voisine. Dans ces conjonctures, la tâche du nouveau gouverneur était des plus délicates et demandait bien des ménagements. Craig ne se mit pas en peine pour si peu, et s’inspirant des procédés les plus tyranniques d’Haldimand, sembla prendre à tâche de se faire redouter et haïr des Canadiens français. Les débats de la Chambre législative lui ayant déplu, il commença par proroger, puis s’enhardit à dissoudre cette assemblée. S’appuyant sur le principe de la liberté de la presse inscrite au frontispice de la loi britannique, un journal de langue française, le Canadien s’était fondé à Québec en 1806, et avait pris pour devise : « Nos institutions, notre langue et nos lois ». Ce journal défendait, avec beaucoup de réserve d’ailleurs et de ménagements pour les intérêts métropolitains, les idées de sa devise el le programme de la majorité de la Chambre. Le gouverneur Craig en prit ombrage ; il fit saisir les presses du Canadien et arrêter l’imprimeur, M. Lefrançois, sous inculpation de haute trahison. Trois jours après, plusieurs députés et citoyens notables,