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les mettre en garde contre l’esprit de la Révolution que les seules nouvelles qui pénétrassent au Canada des événements de cette époque ne parlaient que des excès commis par les révolutionnaires, de l’échafaud de Louis XVI, de la guillotine en permanence, et laissaient dans l’ombre tout le côté glorieux et vraiment fécond de cette grande crise[1].

D’ailleurs, les questions intérieures vinrent bientôt absorber l’attention des Canadiens et les détourner des préoccupations d’ordre général et extérieur.

La nouvelle Constitution entra en vigueur le 26 décembre 1791. Quoiqu’ils disposassent d’une immense majorité dans les élections, les Canadiens français avaient, dans leur province du bas-Canada, élu seize Anglais sur cinquante membres, afin de témoigner de leur désir d’union et de conciliation. Loin de se montrer reconnaissants de ce procédé, les Anglais n’en conçurent que plus de confiance en eux-mêmes et plus de dédain de leurs commettants et, dès l’ouverture de la Chambre, ils mirent à nu leurs sentiments en demandant la nomination d’un président de leur origine et

  1. Le Canada reçut, à la fin du siècle dernier, un certain apport de l’émigration française. Parmi les émigrés royalistes qui furent obligés de s’expatrier à la Révolution comme les Huguenots avaient dû le faire à la Révocation de l’Édit de Nantes, un certain nombre pensa à s’établir au milieu des Canadiens. Dans l’été de 1799, trente-huit gentilshommes s’embarquèrent pour le Canada et reçurent des terres dans les cantons ou townships de Windham et de Niagara. On cite parmi eux : le comte de Puisaye, le comte et le vicomte de Chalns, MM. d’Allègre, de Marseuil, Quéton de Saint-Georges, de Saint-Aulaire, de Farcy, de la Richerie et autres gentilshommes. (Archives canadiennes recueillies par M. Audet, sous la direction de M. Chapleau). Quelques représentants de ces familles existent encore, paraît-il, dans les provinces d’Ontario et de Québec.